Pas si simple by Lucie Castel

Auteur:Lucie Castel [Castel, Lucie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance Contemporaine
Publié: 2017-03-21T23:00:00+00:00

— Les apôtres nous attendent pour célébrer la messe, soupire William.

— Rentrons, alors. Mais comme il y a beaucoup de neige, je propose d’y aller prudemment et doucement.

— Oui, d’autant que je sens bien que la neige n’est pas votre habitat naturel.

— Mon peuple vit au bord de la mer. Quand il neige, il pense que c’est l’heure du Jugement dernier.

Nous revenons sur nos pas, bras dessus bras dessous. La lumière a fortement décliné et un feu rougeoyant embrase les effilures nuageuses pour signifier la fin du jour. C’est un spectacle magnifique qui ne durera que quelques instants. Je laisse traîner un dernier regard sur le parc que j’abandonne, et je reconnais que l’image est vraiment belle.

— Avez-vous eu des nouvelles de votre mère, récemment ? demande William avec un intérêt que je pense véritable.

— Oui. Elle semble aller bien et attend impatiemment notre retour.

— Votre enthousiasme frise l’indécence.

Touché.

— En fait, je trouve ça étrange.

— Qu’elle s’impatiente ?

— Non, qu’elle réagisse normalement.

— Ah, je vois.

— Je suis sûre que non.

— En effet, mais ma bonne éducation m’oblige à ne pas relever les comportements que je trouve bizarres.

— Merci. En fait, croyez-moi sur parole, ma mère n’a absolument rien de normal. Concernant ses réactions, j’entends. Elle est impulsive, souvent hystérique, très théâtrale. Elle est à elle seule une sorte de cinéma de plein air. Je trouve donc un peu étrange qu’elle ne nous ait pas joué la grande scène à chacun de nos appels. Ma sœur me dit que c’est parce qu’elle a pris un tranquillisant.

— Ah, fait William, l’air plus grave. Vous n’avez pas l’air d’approuver.

— Ce genre de substances me fait peur. J’avais une tante complètement accro à ça et, bien que je ne l’aie pas fréquentée longtemps, j’ai le souvenir d’une femme constamment lasse, endormie et anesthésiée.

— Qu’en dit votre sœur ?

— Que je ne dois pas m’inquiéter, parce que c’est temporaire et qu’elle se sent mieux.

— Il me semble que Mélie a une bonne intuition des comportements humains.

— Je sais. C’est pour ça que je n’ai pas insisté. Je pense que je suis un peu trop protectrice.

— Vous faites au mieux et c’est tout ce qui compte.

— Comment pouvez-vous en être sûr ?

— Parce que, lorsqu’on s’inquiète plus pour les siens que pour soi, on fait de son mieux. Et c’est ce que vous faites.

J’acquiesce, un peu gênée. Il me sourit.

— Je vois qu’on a du mal à accepter les compliments.

— Je vais me faire violence, alors ne vous formalisez pas.

Nous atteignons le bout de la rue qui mène à son appartement. Il me reste peu de temps pour profiter de notre tête-à-tête.

— Votre père me semble être quelqu’un de très discret et de très doux.

J’aurais pu jouer directement la carte de la relation mère-fils, mais cette fois, je tiens à la subtilité.

— Sans doute.

Je reste perplexe. Il doit le sentir parce qu’il précise immédiatement :

— Quand on vit avec ma mère, on se révolte ou on fuit. Le problème avec la fuite, c’est que par définition, elle empêche le lien de se créer.

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